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Writer's pictureCoach Chris Chougaz

Interview: Le Nouvelliste



L a Grèce, Chypre, le Mexique, l’Autriche, la République tchèque, la France et finalement la Suisse. Dans sa course passionnée après le basket, Chris Chougaz en a vécu des étapes. Les mêmes qui ont sculpté son parcours de vie d’ailleurs. A l’exception d’une seule: ses trois premières années de vie, passées en Egypte, à Alexandrie, aux côtés de ses parents.

«J’étais un shooteur, alors j’adore les shooteurs. Le basket peut changer, mais il y en aura toujours besoin dans une équipe.»




Une particularité pas si extraordinaire que ça, selon le principal intéressé. «Mes grandsparents avaient émigré en Egypte, comme beaucoup de Grecs à leur époque. Il y avait un vrai pôle grec à Alexandrie.» L’entraîneur du BBC Monthey-Chablais n’entrera pas dans les détails, mais «des changements politiques dans le pays (ndlr: un mouvement antichrétiens) ont contraint beaucoup d’Européens à partir d’Egypte». Un titre en Coupe grecque Voilà donc pour les trente-six premiers mois de son existence. Une existence qui va changer à jamais, lorsque à 12 ans, la balle orange atterrit entre ses mains pour la première fois. «Ça a changé ma vie et je n’ai plus jamais quitté le parquet ensuite.» Cette nouvelle vie, Chris Chougaz l’expérimente sous les couleurs du Panionios BC. «Mon club, celui que j’aime. J’habitais juste à côté de la salle quand j’étais petit.» Titré champion national en junior U18 avec le Panionios, l’enfant du club y a également conquis un titre en Coupe lorsqu’il est passé professionnel. «Je ne pourrai jamais oublier ce moment. On a gagné ce titre contre le PAOK (ndlr: Salonique) qui venait de remporter la Coupe d’Europe quelques jours plus tôt.»

Le Panionios, son club de toujours Au début des années 90, le club de quartier d’Athènes se retrouve ainsi à jouer des coudes entre les trois géants du basket grec: le PAOK, le Panathinaïkos et l’Olympiakos. L’histoire entre le Panionios et Chris Chougaz, joueur, se termine «comme trop souvent en Grèce à cause de problèmes extra-sportifs». «Dans mon pays, l’argent attire très souvent les requins…» Et l’ancien shooteur sait de quoi il parle, puisque à deux reprises il est déjà venu jouer les pompiers sur le banc de son club de toujours, alors que celui-ci «traversait des moments très difficiles». Mais comment est-il passé de shooteur à entraîneur? La transition mérite d’être éclaircie, même si elle était préméditée depuis des années. «Quand j’étais professionnel, j’étudiais en parallèle à l’université. Je suis diplômé en éducation physique et en basket.» Pour ce qui est du français, qu’il parle plutôt bien, son expérience de trois ans à Tarbes (France) a contribué à raviver ses souvenirs des cours de français qu’il fréquentait dans sa jeunesse. «Je parle mieux le grec, mais c’est plus compliqué pour se faire comprendre ici à Monthey», plaisante-t-il

«J’aime avoir un temps d’avance, je pense toujours à la prochaine étape. C’est pourquoi j’étudie le management du sport pour devenir directeur sportif dans quelques années.»

De général à protecteur Mais revenons en 2005, à sa sortie de l’université et du basket professionnel. C’est évidemment sur le banc du Panionios que commence sa carrière d’entraîneur. Assistant dans un premier temps, le tout frais père de famille – ses jumeaux Nikos et Robert sont nés en 2000 – s’enrichit d’expérience de coaching durant cinq ans avant de passer dans le rôle de «head coach». Les mandats, souvent inscrits dans l’instantané, se multiplient à ses débuts. «Il y a tellement de passion dans le basket grec, qu’il est difficile de s’installer quelque part pour un projet longue durée.» Et c’est d’ailleurs ce qui a poussé l’actuel coach des Sangliers à tenter sa chance à l’étranger. «Je suis plutôt un homme de projet. J’aime prendre une équipe et la faire évoluer. J’aime créer le succès.» Pour ce faire, il lui a fallu s’adapter aux changements qui sont intervenus, autant dans le jeu que sur le plan de la psychologie. «J’ai dû changer, parce que le basket a changé. J’étais de cette école de coach qui fait de toi un général qui donne des ordres et dirige dans la discipline.» Un général qui est demeuré «strict», mais qui est également devenu plus protecteur avec ses joueurs. «Dans la défaite, ce ne sont jamais eux qui perdent, c’est moi. J’aime avoir une vraie connexion avec mes joueurs.»

nexion avec mes joueurs.» Du conte de fées en Autriche… Cette formule, Chris Chougaz l’a fait fructifier avec les Gunners d’Oberwart, en Autriche, entre 2015 et 2017. «Ce que l’on a réussi à faire là-bas, dans une petite ville de moins de 10 000 habitants, c’était vraiment magique.» Durant deux saisons, le coach grec et son équipe ont fait vivre à leurs supporters un véritable conte de fées. «Notre projet devait se dérouler sur trois ans avec quasiment uniquement des jeunes formés au club et cinq étrangers. La première année, nous devions éviter la relégation, la deuxième atteindre les play-off et la troisième espérer ramener un titre.» Les Gunners ne se sont cependant pas embarrassés des deux premières étapes et ont conquis le doublé coupe-championnat dès l’an I. «C’était de la folie, la salle qui comptait 2000 places était pleine à chaque rencontre. En finale, les supporters sont venus habillés en toge grecque et agitaient des drapeaux de la Grèce.» … à la guerre des cartels au Mexique Des souvenirs heureux, hors du temps, que l’idole d’Oberwart partage avec nous, en images, sur son écran de smartphone. Mais il conserve également d’autres expériences en mémoire – bien moins heureuses celles-là – de ses séjours professionnels à l’étranger

«J’ai toujours coaché dans des équipes qui n’avaient pas beaucoup de moyens et ça ne me dérange pas, j’apprécie même ce challenge.»

«Au Mexique, tout s’est très bien passé sur le plan sportif, mais j’ai vu des choses qu’on ne voit que dans les séries Netflix comme «Narcos» ou «El Chapo.» Scènes de crime encore tièdes ou pendaison punitive sous un pont; Chris Chougaz a vécu une saison au cœur des règlements de compte entre cartels de la drogue. «Mais il ne faut pas dramatiser, dans toutes mes expériences d’entraîneur, les 80%, ce ne sont que d’excellents souvenirs.» Et il espère évidemment que son passage dans le Chablais viendra faire gonfler ce pourcentage.


BIO EXPRESS

V Naissance le 6 septembre 1968 à Alexandrie (Egypte), a grandi à Athènes

V Domiciles Monthey et Marathon (Grèce)

V Situation familiale Papa des jumeaux Nikos (joueur pro au Peristeri BC) et Robert (joueur et étudiant de l’Université de Harding NCAA Division 1)

V Etudes diplômé en éducation physique et spécialisation basket, il étudie actuellement le management du sport

V Hobbys basket et photographie






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